Journée internationale du sport féminin

24 | 01 | 2023

Aujourd’hui, Mardi 24 Janvier 2023, c’est la journée internationale du sport féminin.

Cette journée a été créée en 2014. C’est en constatant la sous-médiatisation du sport féminin que le conseil supérieur de l’audiovisuel français lance en collaboration avec le Comité national olympique et sportif français, la journée internationale du sport féminin. L’objectif est de permettre au sport féminin de gagner en visibilité et de contribuer à sa meilleure représentation dans les médias.

Pour cette journée, Wichard a interrogé 3 femmes au sujet des femmes dans le milieu de la voile et des sports de glisse : Julie Simon, Sarah Herbert et Victoire Martinet. Nous suivons leurs aventures depuis quelques années, en Mini et autour du monde.

Témoignage de Julie Simon – Mini Transat promo 2021

Quelle est ta vision de la place des femmes dans le milieu de la course au large ?  

On a la chance d'avoir un des rares sport mixte : un classement et des compétitions où s'affrontent des marins ! Je suis plutôt nouvelle dans la course au large et jusqu'à maintenant j'ai toujours ressenti de la considération de la part des autres skippers et de l'admiration de la part des gens de manière générale (et c'est plutôt porteur !)

Comment est-ce que tu vois les évolutions ?

Là aussi je manque de recul. Mais je constate que les organisations de courses et les programmes de sélection cherchent à renforcer la mixité. J'en ai largement profité puisqu'en septembre dernier j'ai participé à la Sélection Skipper Macif. Une sélection qui n'aurait jamais été à ma portée si elle n'avait pas été réservée aux femmes.

Est-ce que tu penses que c’est plus difficile, en tant que femme, de trouver des sponsors ?

Non, bien au contraire. On a plus de visibilité, on suscite de la bienveillance. Les femmes sont moins nombreuses donc de fait on se démarque !

Témoignage de Sarah Hébert – Vice championne du monde de Windsurf en 2007 et navigatrice passionnée.

Je pense que les choses ont bien évolué, que ce soit dans les sports de glisse ou dans le milieu de la voile. Je pense que la femme a de plus en plus sa place sur un bateau, en tant qu’amateur, à la manœuvre etc.. Les choses ont bien changé. D’un point de vue professionnel, il faut savoir que sur le circuit mondial de Windsurf, la PWA, ça fait au moins 2 ans, si ce n’est plus, qu’on a la parité dans les Price Money, donc on gagne le même prix quand on est dans le top10 si je ne me trompe pas. Ça c’est un sacré changement vraiment, j’ai été bluffé quand je l’ai vu ! Et pour ce qui est de la voile, on voit de plus en plus de femmes sur les circuits, je suis hyper heureuse de voir ça de loin, que ce soit sur la Route du Rhum, le Vendée Globe, etc.. On en voit de plus en plus ! C’est génial, c’est vraiment extraordinaire et c’est comme ça que je vois les évolutions dans le milieu de la voile. Aujourd’hui je côtoie aussi beaucoup le milieu amateur en croisière et c’est vrai que j’observe de plus en plus d’intérêt chez les femmes à devenir autonome sur leur voilier. Je pense que les femmes qui veulent reprendre leur place, leur « pouvoir » et c’est trop facile d’accuser toujours les hommes en disant qu’ils ne laissent pas assez de place. Je pense que c’est aussi aux femmes de dire « Ben non moi ça m’intéresse, moi je veux savoir faire, et pour notre sécurité à bord, j’ai envie qu’on soit tous les deux aptes à naviguer, à faire naviguer ce voilier, etc.. » Bien évidemment il y a toujours des résistances face à des stéréotypes mais ça évolue bien.

Concernant ce qui est de trouver des sponsors, il y a toujours deux nuances je trouve. J’ai l’impression que dans le milieu de la voile c’est un peu plus facile pour les femmes de trouver des sponsors financiers et elles s’en sortent assez bien. Je dirais que dans les deux milieux, celui de la glisse et celui de la voile, ça reste, quand on est motivée et performante, relativement facile de trouver des partenaires matériels mais que cela devient plus compliqué lorsque cela relève du partenariat financier. C’est plus facile dans la voile, je pense vraiment que dans les milieux de la glisse, à part si tu joues le jeu de l’image à fond en montrant tes formes féminines, malheureusement trouver des sponsors financiers restent difficile. Notamment, parce qu’on a très peu de place dans le développement du matériel, parce que la majeure partie des pratiquants sont des hommes, bien que c’est en train de changer grâce à la Wingfoil, mais oui, il y a quand même toujours une deuxième vitesse pour les femmes bien que je trouve que ça a nettement évolué. Je suis très heureuse de voir cette évolution et de voir de plus en plus de femmes sur l’eau, en voilier en course ou sur des bateaux en croisière, et sur l’eau en planche, en kite, en Wingfoil, sur les compétitions également. Donc je pense qu’on tend vers une société de plus en plus paritaire et ça se ressent.

Témoignage de Victoire Martinet – Mini Transat Promo 2023

Pour moi, la voile, c'est particulier, et encore plus la course au large en solitaire ! 

Déjà, c'est un sport mixte, sans classement genré, ce qui est réellement singulier dans la compétition. Je pense que pour trouver des sponsors, c'est plutôt un avantage. Parce qu'en s'associant à une femme (et donc - pour l'instant - à une minorité), le sponsor a plus de chance d'être mis en lumière. D'autre part, le fait d'accompagner une femme dans un sport mixte, ça porte des valeurs d'inclusion et d'égalité très fortes. Versus le fait d'accompagner "juste" une sportive dans un circuit de sportives...

Le monde de la voile, plus largement, a de plus en plus de modèles féminins, et c'est top car il se passe des choses pour faire grandir ce nombre (course en double mixte par exemple, Magenta project, etc.). C'est hyper clé pour inspirer les petites filles qui suivent ce genre de sport et leur montrer qu'elles peuvent aller loin (on m'avait montré les chiffres, et il me semble que dans les ligues d'optimisme par exemple, tu as plein de filles, et que la proportion descend au fur et à mesure que tu montes en âge/niveau...pourquoi :( ?).

Enfin, pour revenir à la course au large, ce n'est pour moi pas "juste" un sport. C'est un projet entrepreneurial, c'est une aventure, c'est mettre beaucoup les mains dans le cambouis. Et du coup, être une femme face à un homme a quelques inconvénients, mais aussi tellement d'avantages ! On n'a pas forcément les mêmes forces, mais c'est tellement complet que ça se compense largement. Et au final je ne me considère pas forcément comme une "sportive" avec ce projet, mais comme une entrepreneuse.